Un emplacement idéal au cœur des échanges fluviaux et maritimes
Avant toute chose, il faut s’imaginer ce qu’était la Seine au Moyen Âge. Bien avant l’époque des autoroutes et des voies ferrées, les fleuves représentaient les principaux axes de circulation. Ils facilitaient le transport des marchandises, des denrées alimentaires et des matériaux, mais également le déplacement des hommes.
Quillebeuf-sur-Seine, situé dans l’estuaire de la Seine, à la transition entre les eaux douces et les eaux salées, jouissait d’un emplacement stratégique exceptionnel. Ce passage obligé pour tout navire se rendant vers Rouen ou Paris en faisait un nœud logistique incontournable. Les embarcations qui arrivaient de l’Atlantique devaient franchir cet estuaire pour remonter la Seine, tandis que celles descendant vers les ports maritimes faisaient souvent étape à Quillebeuf. Mais pourquoi précisément là ?
Une hydrologie favorable et redoutable
Ce qui distingue Quillebeuf, c’est surtout sa configuration naturelle. Le fleuve y forme une boucle prononcée accompagnée de courants et contre-courants compliqués. À une époque où la navigation reposait sur le vent et la rame, passer cet endroit nécessitait technique, préparation et parfois assistance. Ainsi, Quillebeuf a très tôt développé des services dédiés à la navigation : halage des bateaux, guides locaux pour éviter les bancs de sable ou encore pilotage fluvial.
Ce type d’expertise était nécessaire pour franchir les marées parfois puissantes. En effet, la Seine est l’un des rares fleuves où le mascaret – une vague créée par la marée remontant le fleuve – était particulièrement marqué. Dans ces conditions, traverser l’estuaire sans encombre était un véritable défi. Quillebeuf s’imposait ainsi comme un point clé, à la fois pour réguler le passage, mais aussi pour fournir les services indispensables aux voyageurs.