La gestion des marées et des dangers fluviaux
Mais ce n’était pas qu’une simple question d’emplacement. Ce qui démarque Quillebeuf d’autres ports fluviaux, c’est sa capacité à gérer les défis naturels associés à son environnement. La Seine, à cet endroit, connaît des marées impressionnantes, avec des changements de direction de courant plusieurs fois par jour. Au XVIIe et XVIIIe siècles, où les moteurs n’existaient pas et où les marins dépendaient du vent ou de la force humaine, ces marées pouvaient être autant un atout qu’un risque mortel.
D’autres dangers menaçaient : des bancs de sable instables, des changements brusques dans la largeur du fleuve ou encore la fameuse barre, cette vague redoutable formée par la rencontre de la marée montante et des eaux du fleuve. Les marins devaient savoir exactement quand et comment manœuvrer. À Quillebeuf, des pilotes expérimentés offraient leurs services pour guider les navires dans ces conditions périlleuses.
Les archives locales rapportent que certains navires attendaient des jours entiers à Quillebeuf afin que les vents et marées soient favorables pour rejoindre Rouen ou la mer. Ce temps d’attente donnait une importance économique au port : les équipages s’y approvisionnaient, les réparateurs de bateaux travaillaient à quai, et la présence de marins animait les ruelles de la ville.