Un passage ancestral au cœur de la Normandie
Aux origines du bac : une nécessité vitale
L’histoire du bac de Quillebeuf commence dans un lointain passé, bien avant que le béton des ponts ne s’impose dans le paysage. Situé au confluent de la Seine et d’une boucle marquée par des courants puissants, le village de Quillebeuf-sur-Seine représente depuis toujours une zone stratégique pour le transit.
Au Moyen Âge, la Seine était une autoroute naturelle pour le transport de marchandises, avec Quillebeuf comme escale incontournable entre Rouen et le Havre. Mais pour les habitants des rives nord et sud, franchir le fleuve était un véritable défi. Les ponts, rares et coûteux à construire, étaient souvent éloignés. La solution ? Des bacs, simples embarcations propulsées à la rame ou à la voile, permettant de relier les deux rives efficacement.
On trouve des mentions écrites du bac de Quillebeuf dès le XII siècle. À l’époque, ce passage était tenu par des familles de mariniers qui assuraient le service en échange d’un droit de péage. Cet héritage nautique est d’ailleurs encore palpable lorsque l’on sillonne les rues de Quillebeuf, où certains souvenirs de la vie portuaire perdurent.
De la barque rudimentaire à l’ingénierie moderne
Si les premières versions du bac étaient rudimentaires, le XIX siècle marqua un tournant décisif avec l’arrivée des "bacs à vapeur". Ces embarcations révolutionnaires, alimentées par des chaudières, permirent de transporter non seulement des personnes, mais aussi des bêtes et, plus tard, des véhicules. Le bac devenait alors non plus un simple outil pratique, mais un moteur de développement économique pour tout le bas-pays de l’Eure.
Au XX siècle, le progrès technique continua de transformer le bac. Les moteurs remplacèrent définitivement la vapeur, augmentant ainsi la capacité et la régularité des trajets. En parallèle, le rôle du bac évolua : d’abord indispensable au quotidien des habitants, il devint aussi un symbole du patrimoine local.