Une frontière fluctuante entre deux puissances
Pour comprendre l’importance de Quillebeuf dans l’histoire des relations entre Normandie et Royaume de France, il faut remonter au Moyen Âge. À cette époque, la Normandie, qui tire son nom des « hommes du Nord » (les Normands), est un véritable duché autonome. Après les invasions vikings, ces redoutables marins s’installent et bâtissent une province prospère. De 911 à 1204, le duché de Normandie possède une autonomie presque totale, bien qu’il soit officiellement un fief du Royaume de France.
Mais voici le détail marquant : le duché de Normandie et la couronne d’Angleterre étaient liés par des relations complexes. Depuis le mariage du Duc Guillaume le Conquérant, qui s’est emparé de l’Angleterre en 1066, la Normandie est souvent tiraillée entre les rois anglais et français. En 1204, Philippe Auguste conquiert finalement la Normandie et l’annexe au Royaume de France. Mais Quillebeuf, situé dans une zone frontalière, reste pendant longtemps un point de friction et de vigilance pour les deux camps.
Les fortifications de Quillebeuf témoignent de cette période incertaine. Si les murailles médiévales ont aujourd’hui pratiquement disparu, des archives historiques mentionnent une enceinte défensive redoutable et des tours qui surveillaient le passage des bateaux et les incursions potentielles. Les tensions politiques lui valaient aussi, à l’époque, d’être un point de passage stratégique que les monarques surveillaient de près.