Le quotidien des habitants de Quillebeuf au XIXe siècle

03/05/2025

L’âme de Quillebeuf : un port actif au cœur de la Seine

Au XIXe siècle, Quillebeuf est un port d’importance stratégique. Le village, idéalement situé sur un méandre de la Seine, voit passer de nombreux navires marchands. À l’époque, la Seine est un véritable axe de communication, vital pour le transport des marchandises entre Rouen, Le Havre et l’intérieur des terres.

Les commerces portuaires rythment la vie locale, et les quais sont animés par une activité trépidante. Les marins, les ouvriers du port et les commerçants s’activent les jours de déchargement, tandis que les charretiers transportent des denrées comme le bois, le blé ou le vin. On échange aussi bien avec Paris qu’avec les ports étrangers, ce qui explique la diversité des accents et des visages que l’on croise à Quillebeuf à l’époque.

Les embarcations elles-mêmes étaient particulièrement adaptées aux conditions locales. Nombre de gabares, ces bateaux à fond plat typiques des rivières normandes, mouillent régulièrement au port. Grâce à ces bateaux robustes mais maniables, les habitants participent à une économie régionale prospère.

Le bac, poumon économique et social

Le fameux bac de Quillebeuf, opérationnel depuis des siècles, joue au XIXe siècle un rôle crucial. Ce ferry rudimentaire mais efficace permet le transport d’habitants, de visiteurs et de marchandises entre les deux rives de la Seine. Longtemps mû à la force humaine ou animale avant l’ajout de moteurs plus modernes, il est une des principales sources de revenu pour quelques familles locales.

Les habitants des hameaux voisins empruntent eux aussi ce bac pour venir sur le marché hebdomadaire de Quillebeuf. Ces marchés, hauts en couleur, regorgent de produits locaux – fromages normands, poissons frais comme l’alose ou le hareng, et cidre iodé de la région.

Une vie tournée vers la mer et la pêche

Le XIXe siècle est une époque où la mer et la pêche façonnent profondément les modes de vie. Une grande partie des Quillebois trouve dans la pêche une activité nourricière essentielle. Les eaux poissonneuses de la Seine offrent une ressource abondante. Les pêcheurs, souvent des hommes rudes au teint tanné par le soleil et le vent, se lèvent avant l’aube pour poser leurs filets ou partir à la pêche à l’esturgeon et à l’anguille.

Les savoir-faire se transmettent de génération en génération. Les filets noués à la main ou les chaloupes sont souvent fabriqués par les habitants eux-mêmes. Il n’est pas rare non plus de trouver des femmes réparant les nasses ou vendant le poisson sur les quais pour arrondir les fins de mois.

L’un des moments marquants de l'année ? La saison de la pêche au hareng. Véritable emblème de la région normande, ce poisson attire des pêcheurs en nombre et marque l’occasion de fêtes collectives où l’on partage repas et chants traditionnels.

Des traditions religieuses omniprésentes

La vie au XIXe siècle à Quillebeuf est également rythmée par le calendrier liturgique. L’église Sainte-Anne, avec son clocher vigie, est un symbole fort pour la communauté. Elle rassemble les fidèles lors des messes dominicales ou des grandes fêtes religieuses comme Noël, Pâques ou la Fête-Dieu.

L’un des événements les plus attendus reste cependant le pardon des marins, une tradition très vivante dans les ports normands : procession, bénédiction des bateaux et prières rythment cette journée. Les marins, superstitieux, espèrent ainsi être protégés des naufrages et autres périls.

Un quotidien simple et solidaire

La vie de tous les jours à Quillebeuf est certes moins industrieuse que dans les grandes villes, mais elle n’en est pas moins dense. Les habitants vivent dans de petites maisons en bois ou en briques, souvent construites à proximité du port ou des zones inondables.

Le voisinage joue un rôle crucial : on se connaît tous, on dépend les uns des autres, et l’entraide est primordiale. Les femmes partagent souvent des tâches communautaires comme la lessive au lavoir, véritable lieu d’échanges et de nouvelles. Les enfants, quant à eux, contribuent dès le plus jeune âge aux travaux de leurs parents, qu’il s’agisse de porter du poisson sur le marché ou de surveiller les bêtes dans les prairies alentour.

Malgré le dur labeur, certaines distractions illuminent la vie villageoise. Les foires itinérantes, les mariages ou les kermesses sont autant d’occasions de se rassembler et de partager un moment festif entre danses, cidre et galettes.

Quillebeuf au XIXe siècle : une histoire à découvrir

Entre traditions maritimes, vie quotidienne rythmée par le fleuve et échanges constants avec le reste de la Normandie, Quillebeuf-sur-Seine offre un aperçu fascinant de la vie villageoise au XIXe siècle. Les vestiges de cette époque sont encore visibles : les ruelles pavées, les maisons qui flirtent avec le port, et même les récits transmis par les anciens du village nous plongent dans cette riche histoire locale.

Alors, pourquoi ne pas venir flâner dans les rues calmes de Quillebeuf, emprunter le bac qui fait aujourd’hui encore partie du paysage, ou simplement admirer la Seine qui garde en mémoire tous ces récits du passé ? À Quillebeuf, tous les chemins ramènent au fleuve, et c’est peut-être là que demeure toute son âme.

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